9 octobre 2010

Wonderbra ou Wonderbras ? : Cachez ce bras que je ne saurais voir

Wonderbra ou Wonderbras ? : Cachez ce bras que je ne saurais voir


La campagne 2010 de CAP48 s’achève ce dimanche. En tant qu’initiatrice du projet Handikids, je suis invitée à participer à la soirée de clôture sur les antennes de La Première afin de mieux faire connaître Handikids. C’est aussi l’occasion pour moi de vous parler de CAP48.

La campagne 2010 de CAP48 s’est construite sur le thème du regard : regard insistant, regard détourné, regard gêné, regard critique…Une des affiches a été l’objet de réactions sévères et d’une plainte auprès du Jury d’Ethique Publicitaire: elle représente une magnifique jeune femme, parodiant la célèbre publicité Wonderbra des années nonante, sauf qu’ici le modèle a une atrophie du bras gauche. Le slogan d’accompagnement est le même : « Regardez-moi dans les yeux… j’ai dit les yeux ».

Beauté, séduction et féminité sembleraient ne pas rimer avec handicap. Ou si oui, pas sur la place publique.
Selon le Jury d’Ethique « Le plaignant trouve cette photo à tout le moins "discutable" à l'égard des handicapés. Elle risque de décrédibiliser une campagne de solidarité pourtant bien nécessaire. Il semble au plaignant que l'on ne peut utiliser n'importe quelles techniques publicitaires lorsque l'on aborde les infirmités et leurs souffrances »

Le Jury mentionne par ailleurs les arguments de CAP48 : « La personne reproduite sur la publicité est une personne bien réelle, qui a accepté volontairement de se faire photographier telle qu’elle est, sans trucages ni retouches, pour montrer au public qu’une personne handicapée est d’abord une personne ; qu’elle peut être belle, séduisante et que, comme tout être humain, elle ne peut être réduite à une poitrine, un regard ou un bras. Cette photo confronte le public à ses propres réflexes, gênes ou tabous. Le but est de lui ouvrir les yeux »

A la lecture des argumentaires, le regard que nous portons sur le handicap et l’idée que nous en avons en terme de limites communicationnelles peuvent donc, aujourd’hui encore, faire l’objet de désaccords.

Le Jury d’Ethique a pour sa part pris position :
« Le Jury a estimé que la combinaison du visuel et du slogan rend le message diffusé par l’annonce évident et que le visuel présente un lien direct avec le message et la finalité recherchée par la campagne. Le Jury est d’avis que l’annonce en question révèle de façon positive la manière dont le grand public regarde et considère les personnes handicapées et ce, dans le but de sensibiliser et de faire progresser les mentalités. Le Jury a estimé que la publicité ne porte pas atteinte à la dignité des personnes handicapées et ne minimise pas non plus leur souffrance.
A défaut d’infractions aux dispositions légales ou autodisciplinaires, le Jury a estimé n’avoir pas de remarques à formuler »

Cette décision atteste de la conformité éthique de l’affichage CAP48. Il n’est pas certain que les plaignants changent d’opinion pour autant. Mais peut-être cet avis permettra-t-il à certains d’entreprendre un cheminement vers une sorte d’acceptation de « banalisation » du handicap, au sens où celui-ci ne retiendrait plus notre attention comme une « anomalie » à cacher, mais comme une simple caractéristique individuelle parmi d’autres. Mais pour cela encore faudrait-il qu’une importante partie des citoyens change de regard. Le chemin à parcourir en ce sens reste long, quand on sait que le handicap a été la deuxième cause de discrimination en Belgique en 2009, selon le Centre pour l’Egalité des Chances.


Virginie LABIS


Ressources :
CAP48 : http://www.rtbfmedia.be/cap48
Jury d’Ethique Publicitaire : http://www.jep.be/
Centre pour l’Egalité des Chances : http://www.diversite.be/

1 commentaire:

  1. Un grand merci pour votre soutient à Cap 48 mais aussi surtout aux personnes handicapées.
    Que votre "regard" puisse convaincre les décideurs à mettre tout en œuvre pour améliorer le cadre de vie des personnes handicapées et de leur famille.

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