29 août 2010

Enseignement spécialisé et enseignement intégré: décrypter pour mieux choisir

Introduction
La rentrée approche, et pour certaines familles ce sera une année pas comme les autres, car un des enfants quittera l’enseignement classique dit ordinaire pour un enseignement individualisé dit spécialisé.

La peur de l’inconnu reste un élément dissuasif pour certains parents, qui peinent à imaginer leur enfant « déclassé » ou mis à l’index, et le vivent comme une dévalorisation du potentiel de l’enfant. De même pour l’enfant, un changement d’orientation peut engendrer inquiétude et opposition a priori, car le différenciant de ses camarades ou l’excluant de son groupe habituel.

Lorsque les difficultés de l’enfant à suivre un cursus ordinaire sont telles qu’il devient nécessaire de lui apporter un apprentissage spécifique, il est indispensable que les parents en comprennent les modalités et adhèrent au plan individuel d’apprentissage (PIA) de leur enfant.

Cet article a pour ambition de décrypter ces modalités pour toutes les familles, afin de permettre aux familles des enfants concernés de mieux participer à l’individualisation de l’enseignement de leur enfant, mais aussi aux autres familles de comprendre cette orientation et, le cas échéant, de mieux accepter l’intégration, dans la classe de leur enfant, d’enfant(s) suivant un parcours d’apprentissage spécialisé.

Nous n’allons détailler ni le processus d’orientation, ni les spécificités des différentes formes d’enseignement, car c’est une tâche complexe, dévolue aux professionnels de l’enseignement, en particulier ceux des centres PMS et PMS spécialisés. Ces professionnels sont à votre écoute tout au long de l’année pour vous assister et vous guider dans le choix du parcours de votre enfant.

A - Définition
L’enseignement spécialisé, tel que décrit par la Communauté française de Belgique, a pour objectif de « répondre aux besoins éducatifs spécifiques de certains élèves présentant des difficultés telles qu’elles freinent de manière importante leur épanouissement et leur progression dans l'enseignement ordinaire. »
« Il est organisé en fonction de la nature et de l'importance des besoins et des possibilités de l'élève. Il vise, pour tous, l’épanouissement personnel et l'intégration sociale ainsi que, à l’âge adulte, l'insertion sociale et/ou professionnelle. »

Selon la déficience de l’enfant, huit types d’enseignement spécialisé sont envisageables :
- Type 1 : pour les enfants ayant une légère déficience intellectuelle (ou retard mental )
- Type 2 : si la déficience intellectuelle est moyenne ou sévère
- Type 3 : si la déficience concerne la psychologie, le comportement ou la personnalité de l’enfant
- Type 4 : quand la déficience touche le physique (corps) de l’enfant, de façon permanente
- Type 5 : quand l’enfant est temporairement malade ou convalescent et hospitalisé
- Type 6 : pour les enfants déficients visuels ( ne voient pas assez bien)
- Type 7 : pour les enfants déficients auditifs (n’entendent pas assez bien)
- Type 8 : pour les enfants qui « ont des difficultés graves et importantes dans le développement du langage ou de la parole et/ou dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou du calcul. »

Pour tous ces enfants, un PIA est rédigé et servira de programme d’enseignement pour l’enfant.

Le PIA peut s’effectuer dans une école d’enseignement spécialisé ou dans une école ordinaire, auquel cas on parlera d’enseignement intégré. Le PIA est adapté dans le temps selon l’évolution de l’enfant.

B- L’enseignement individualisé en école spécialisée
L’enfant entre dans une classe spécialisée, dont les effectifs sont limités et où il pourra progresser à son rythme, avec un soutien personnalisé, multidisciplinaire et massif pour l’aider à acquérir le maximum des compétences tout en tenant compte de sa déficience.

Certains enfants suivront ainsi un enseignement qui les fera accéder soit à leur maximum d’autonomie et de socialisation, soit à un travail en milieu adapté, ou bien à un travail en milieu classique après une qualification professionnelle ou des études supérieures.

En résumé, quelques avantages de cette filière sont donc :
- le respect du rythme de l’enfant (qui pourra rester deux ans de plus en maternelle ou en primaire pour réaliser son PIA, ou être maintenu en secondaire au delà de ses 21 ans pour achever sa formation)
- l’importance des moyens d’accompagnement
- l’association de l’enfant et de ses parents à la réalisation du PIA
- Une amélioration de l’épanouissement de l’enfant, qui constate des progrès dans ses apprentissages et subit éventuellement moins de critiques de ses camarades
- la possibilité, pour des motifs non pédagogiques,( par exemple quand la famille n’a pas trouvé de centre d’accueil), de maintenir la scolarisation de l’enfant au delà de ses 21 ans.

Et quelques inconvénients significatifs à relever :
- L’enfant est exclu du groupe social « normal » de sa tranche d’âge, ce qui peut freiner ses facultés de socialisation hors du contexte scolaire.
- Son école spécialisée n’est généralement pas l’école la plus proche du domicile familial, ce qui ne favorise pas les relations avec les enfants du voisinage, et le maintient assez isolé du contact social pendant les périodes de congés scolaires.
- L’étiquette « handicap » de l’enseignement spécialisé véhicule encore malheureusement un a priori négatif dans la société, avec parfois une sorte de stigmatisation de l’enfant et de sa famille, peu propice à une vie sociale ordinaire.

C- L’enseignement en intégration dans une école ordinaire
Lorsque la déficience le permet, et ce quel que soit le type d’enseignement spécialisé dont il dépend, l’enfant peut suivre son PIA dans une école ordinaire tout en bénéficiant de l’important soutien des enseignants spécialisés.

Cet enseignement en intégration se décline en quatre types :

1- L’enfant est intégré pendant toute l’année scolaire :
1.a Il y suit tous les cours, assisté d’un enseignant spécialisé : c’est l’intégration permanente totale
1.b Il n'y suit qu’une partie des cours, avec ou sans accompagnement spécialisé : c’est l’intégration permanente partielle

2- L’enfant est intégré durant une partie de l’année scolaire
2.a : Il y suit tous les cours durant cette période, avec ou sans accompagnement: c’est l’intégration temporaire totale
2.b Il n'y suit qu’une partie des cours durant cette période, avec ou sans accompagnement : c’est l’intégration temporaire partielle.

Quelques avantages de l’intégration scolaire :
- La socialisation de l’enfant dans un groupe ordinaire, reflet de la société dans laquelle il est appelé à évoluer. Il se constitue un réseau social
- Permettre à l’enfant d’acquérir un savoir scolaire identique à celui de ses pairs, le valoriser.
- Permettre à l’enfant de mieux construire son identité sociale, car il se confronte à « la norme » de sa tranche d’âge
- L’enfant peut avoir plus de temps libre, car le temps de transport scolaire est limité.
- Pour les camarades et leurs parents, la possibilité de développer leurs capacités de tolérance, d’empathie et de civisme, contribuant à modifier positivement les représentations sociales du handicap.

Quelques inconvénients de cette intégration :
Ils découlent généralement de la non-congruence des attentes de l’enfant intégré et de sa famille avec la réalité scolaire, dans ses exigences et dans ses interactions.

- Le nouveau camarade différent peut être insuffisamment accepté pour un épanouissement optimal en milieu ordinaire.
- Faire co-exister un esprit de prise en charge (collective) d’une communauté d’enfants avec une attention particulière pour un des membres peut être mal vécu par l’enseignant et/ou par les camarades.
- Le rythme de travail et son ampleur peuvent, malgré l’accompagnement individuel, déborder les capacités de l’enfant et le mettre en situation d’échec. Il peut alors se retrouver doublement « stigmatisé » par ses camarades.


Conclusion
L’école est le principal espace de socialisation de l’enfant, que ce dernier soit ou non confronté à un handicap.
L’acquisition de compétences, la construction d’une identité, personnelle ou sociale, sont des outils que chaque enfant doit posséder pour trouver sa place dans la société. L’école est, avec la famille, la première pourvoyeuse de ses outils. Il est donc essentiel que l’enfant tire tout le bénéfice possible de cette institution.
Lorsque l’enfant souffre d’une déficience qui le handicape dans son apprentissage, l’enseignement spécialisé et l’enseignement en intégration doivent l’aider à surmonter ce handicap et lui permettre la pleine expression de ses capacités.

L’enseignement en école spécialisée, parce que complètement individualisé, est le plus respectueux du rythme de l’enfant. Il a pour revers non négligeable le déficit de socialisation en milieu « réel », ce qui peut freiner l’intégration sociale ultérieure de ses élèves.

L’enseignement en intégration, parce qu’il ouvre sur le « réel social », doit être privilégié. L’intégration n’est pas possible pour tous, et doit faire l’objet d’un dialogue sans tabou entre enseignants, parents et enfants, afin que cette « ouverture » ne devienne pas, au lieu d’une intégration, une « inclusion », qui fasse de l’enfant un « corps étranger » au sein de la communauté scolaire, avec à la clé une « exclusion de l’intérieur », délétère pour l’enfant et pour sa famille.

Virginie  Labis

(Reproduction partielle ou totale libre sous réserve de mentionner la source Handikids et l'auteur)

Ressources :
- Enseignement spécialisé et sa guidance en CF, Guide à l’intention des parents : Ministère de la Communauté française, Conseil Supérieur de la Guidance PMS, février 2008.
- Laboratoire Méditerranéen de sociologie, « Etude sur la socialisation des enfants handicapés intégrés en école ordinaire », Establet Roger et Zaffran Joël, France, 1997.

14 août 2010

ENFANCE HANDICAPEE : de l’impossible définition à la nécessaire classification, volet 2/2

ENTRE DEFINITION INTERNATIONALE ET DEFINITIONS BELGES


Dans le premier volet du décryptage de la notion de handicap, nous avons parcouru les étapes menant à un certain consensus international, servant de canevas pour les adaptations nationales en la matière.
Ce second et dernier volet tentera d’éclaircir pour tous le labyrinthe de la notion même de handicap dans notre pays, sans se pencher sur les conséquences concrètes du cloisonnement des compétences qui en découle. (Celles-ci feront l’objet d’un article ultérieur.)

La Belgique a adopté des définitions du handicap qui s’appliquent dans les limites des institutions concernées: le fédéral et les régions.

I- Au niveau fédéral :

Selon l’arrêté royal du 03 mai 1991, le handicap de l’enfant est défini en termes d’incapacité physique ou mentale, laquelle est établie :
- selon le BOBI (Barème officiel belge des invalidités), qui définit par invalidité « un état comportant une perte partielle ou totale de l’intégrité tant physique que psychique par suite d’une blessure, d’une maladie, d’une infirmité, ou de leur aggravation »
- et / ou selon une liste de 153 pathologies, annexée à l’arrêté.

L’arrêté royal du 28 mars 2003, s’il maintient l’utilisation du BOBI dans la définition de l’incapacité de l’enfant, établit celle-ci sur base :
- d’une liste de 117 affections pédiatriques responsables de l’incapacité
- des conséquences de l’affection sur le plan de l'activité et la participation de l'enfant
- des conséquences de l'affection pour l'entourage familial de l'enfant

II- En Région wallonne :

La définition du handicap chez l’enfant est identique à celle de l’adulte. Elle figure dans le décret du 6 avril 1995 du Gouvernement wallon en ces termes:
« …est considérée comme handicapée toute personne mineure ou majeure présentant une limitation importante de ses capacités d'intégration sociale ou professionnelle suite à une altération de ses facultés mentales, sensorielles ou physiques, qui engendre la nécessité d'une intervention de la société. Cette limitation importante des capacités d’intégration doit correspondre à une catégorie de personnes handicapées telle que déterminée par la Communauté française… »

III- En région de Bruxelles-Capitale

Selon le décret du 4 mars 1999 de la Commission Communautaire française, « Par handicap,
il faut entendre le désavantage social résultant d'une déficience ou d'une incapacité qui limite
ou empêche la réalisation d'un rôle habituel par rapport à l'âge, au sexe, aux facteurs sociaux
et culturels. »

IV- En Région Germanophone :

Selon le décret du 19 juin 1190, constitue un handicap toute atteinte à l’intégration sociale et professionnelle due à une réduction des facultés mentales, physiques ou sensorielles.

V- En Région flamande

Selon le décret du 19 juin 1990 et l’arrêté du 13 juillet 2001, constitue un handicap toute limitation importante et de longue durée des chances et d’intégration sociale d’une personne suite à une altération de ses facultés mentales, psychiques, physiques ou sensorielles.


          Nous ne pouvons donc que constater que si comme de nombreux pays, la Belgique s’est inspirée d’un canevas international pour établir les bases de sa politique en matière de handicap, il demeure dans notre pays un tel morcellement de compétences qu’il n’est pas possible de définir de manière unanime la notion de handicap.
Pour l’enfance handicapée de notre pays, l’absence d’une définition nationale et de critères identiques de reconnaissance, au delà des frontières institutionnelles, n’est pas propice, c’est le moins que l’on puisse dire, à une prise en charge plus simple, plus rapide et donc plus efficace.


Auteur : Virginie LABIS (*)
(Reproduction partielle ou totale autorisée avec obligation de mention de la source « Handikids » et de l’auteur)

Ressources :
- Moniteur belge
- Sites officiels de :
SPF Sécurité Sociale (Fédéral)
L’AWIPH (Région wallonne)
Le PHARE (Bruxelles-Capitale)
La VAPH (Région flamande)
Le DPB (Région germanophone)

(*) A propos de l’auteur :
Virginie LABIS est médecin, étudiante en Master de Journalisme et en Sociologie.

7 août 2010

ENFANCE HANDICAPEE OU SOCIETE HANDICAPANTE? De l'impossible définition à la nécessaire classification

Volet 1/2 : Historique du consensus international

A-  APPROCHE ET CLASSIFICATION DE L’OMS (Organisation mondiale de la santé)

Aujourd’hui encore il est impossible de donner au handicap une définition qui emporte l’adhésion unanime des experts, des professionnels, des personnes handicapées et du grand public.

L’histoire a été jalonnée d’un vocabulaire qui a désigné les personnes handicapées d’une multitude de noms : estropiés, infirmes, bossus, mutilés, aliénés, anormaux, invalides, désavantagés sociaux, handicapés, personnes exceptionnelles, personnes extraordinaires, personnes en situation de handicap ou porteuses de handicap, etc.

Face à cette grande diversité de terminologies, l’OMS a proposé d’établir un langage commun du handicap, base des définitions officielles du handicap à travers le monde, et de classifier le handicap.

Pourquoi une classification internationale ?
- Besoin d’évaluation de l’état de santé des populations :
- Besoin d’un outil de description et de collecte de données de santé des populations :
pour les politiques de santé publique
pour les comparaisons statistiques internationales
comme langage commun entre professionnels de la santé

La méthode, le fond et la forme
Nécessité de « normaliser » la définition du handicap en trouvant un consensus sur la terminologie, sans réduire le handicap à un diagnostic, mais « considérer le handicap comme la conséquence d’une maladie ou d’un accident, au lieu de l’assimiler à sa cause. »

Les étapes : Du modèle individuel au modèle social du handicap

I- LE MODELE INDIVIDUEL

En 1980, après plusieurs années de travail en son sein, l’Organisation internationale de la Santé (OMS), a publié une première version de la Classification Internationale du Handicap (CIH).
La CIH, si elle ne définit pas le handicap, le " décrit " en trois aspects constitutifs:
1/ L'atteinte du corps : " déficiences "
2/ Les difficultés ou impossibilités à réaliser les activités de la vie courante qui découlent de ces déficiences : " incapacités "
3/ Les problèmes sociaux qui en résultent : " désavantages ".

Maladie ou trouble ==> déficiences, ==> incapacités, ==> désavantages (OMS, 1980)
                                     (organes           (activités)              ( rôles sociaux)
                                     et fonctions)
De 1992 à 1997, cette première version provisoire est testée dans plusieurs pays à des fins de validation. Le consensus n’est pas acquis car pour de nombreux experts cette description et classification fait l’impasse sur les facteurs environnementaux t sociaux, de même que l’ordre indiqué de la séquence des 3 aspects constitutifs n’est pas univoque.

II- MODELE INTERACTIF INDIVIDUEL ET SOCIAL

En 1999 une seconde version provisoire est soumise à validation par l’OMS : la Classification Internationale du Fonctionnement et du Handicap, (CIDIH-2)
Cette nouvelle classification est une typologie en deux modèles co-existants :

1/ Le modèle individuel : Le handicap comme pathologie individuelle
La personne handicapée l’est du fait d’une atteinte corporelle et/ou fonctionnelle, que la médecine doit traiter ou guérir. En outre la société a la responsabilité d’éradiquer ou guérir le handicap, et d’améliorer la vie quotidienne des personnes handicapées par des mesures de compensation

2/ Le modèle social : Le handicap comme pathologie sociale
Le handicap est une conséquence de l’absence d’aménagements des environnements ordinaires. Il résulte d’un problème d’organisation sociale et de rapport entre la société et l’individu. La situation de handicap est inhérente à la société.
Il faut mettre en accessibilité et adapter l’environnement aux personnes handicapées et reformuler les règles politiques, économiques et sociales.
Il est de la responsabilité de la société d’identifier et d’éliminer les barrières architecturales,sociales, économiques et psychologiques, et de réduire les inégalités dans les droits et donner accès à une pleine citoyenneté.

Exemple concret : Un enfant en fauteuil roulant devant les marches d’une école :

Modèle individuel ou médical :
1- L’enfant est paralysé : approche médicale, = déficience
2- L’enfant ne peut pas marcher : approche fonctionnelle (= incapacité, limitation d’activité)médicale (déficience)
Modèle social :
1- l’immeuble est inaccessible : approche environnementale (aménagement de l’environnement)
2- La société est discriminative et ségrégative : inégalité des droits de l’homme et du citoyen : approche politique (non-discrimination)

III- MODELE SYSTEMIQUE

En mai 2001,l’OMS ratifie la version finale, la Classification internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé, qui établit l’interaction permanente entre les problèmes de santé, les facteurs environnementaux et les facteurs personnels dans la genèse et dans l’évolution du handicap:

Problèmes de SANTE  ====>  Effet sur Fonctions et Structures ( du CORPS): DEFICIENCES
(troubles/maladies)
                                    ==== > Effet sur Activités de LA PERSONNE:  LIMITATIONS
                                    ====> Effet sur Participation dans la SOCIETE: RESTRICTIONS
Le tout en lien permanent avec les facteurs personnels et les facteurs environnementaux, ces derniers pouvant être des obstacles ou des facilitateurs.
Les fonctions, les structures, les activités, la participation et les facteurs environnementaux sont définis et classifiés dans le détail.

Cette classification instaure une approche systémique des inégalités sociales référée à la situation de handicap et une approche réadaptative à l’égalité des droits et des chances.

La « Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé » qui reflète l’évolution conceptuelle internationale et qui intègre les modèles individuels et sociaux du handicap dans une perspective systémique, sert d’outil, pour les pays, à établir les représentations sociales, la législation, les politiques publiques, la formation des intervenants, etc. en matière de handicap.

B-  LA CONVENTION DES NATIONS UNIES

Le 13 décembre 2006, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté la convention relative aux droits des personnes handicapées, qui rappelle dans son préambule que:
 …« Reconnaissant que les enfants handicapés doivent jouir pleinement de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales, sur la base de l’égalité avec les autres enfants, et rappelant les obligations qu’ont contractées à cette fin les États Parties à la Convention relative aux droits de l’enfant »…

… « Convaincus que la famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État et que les personnes handicapées et les membres de leur famille devraient recevoir la protection et l’aide nécessaires pour que les familles puissent contribuer à la pleine et égale jouissance de leurs droits par les personnes handicapées »…

...« La présente Convention a pour objet de promouvoir, protéger et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales par les personnes handicapées et de promouvoir le respect de leur dignité intrinsèque. »

Par personnes handicapées on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.

Ainsi, à défaut d’établir une définition universelle du handicap, les institutions internationales ont réalisé des outils permettant aux pays d’élaborer un langage et une classification qui puissent servir à légiférer et à communiquer en matière de handicap. Ces outils sont également des balises en codification et en analyses statistiques comparatives.

Nous verrons au volet 2/2 de cet article comment la Belgique applique ce consensus international en matière d’enfance handicapée.

Auteur : Virginie LABIS
(Reproduction partielle ou totale autorisée avec obligation de mention de la source « Handikids » et de l’auteur)

Ressources :
OMS (http://www.who.int/classification/icf)
CTENRHI (http://www.ctenrhi.com.fr)
Association des paralysés de France, Déficiences motrices et handicaps, 1996

Lexique :

- Une déficience est une perte de substance ou altération d'une structure ou fonction (psychologique, physiologique ou anatomique); la déficience correspond donc à la lésion (exemple: amputation, malformation, trauma...) et/ou au déficit en résultant (exemple : hémiplégie, surdité, cécité, incontinence urinaire…).


- L'incapacité correspond à toute réduction (partielle ou totale) de la capacité d'accomplir une activité d'une façon ou dans les limites considérées comme normales. Par exemple : incapacités à marcher, à écrire,…, mais aussi (en " situation ") à se lever, à se laver, utiliser les W-C, s'habiller, communiquer, mémoriser, réfléchir.
- Le désavantage (conséquence des déficiences ou des incapacités) représente une limitation ou une interdiction d'accomplissement d'un rôle social normal (en rapport avec l'âge, le sexe, les facteurs sociaux et culturels) : gagner sa vie, faire des études, avoir un emploi, s'occuper...

1 août 2010

Petite enfance : un pas vers l’accueil des enfants handicapés de 0 à 3 ans en Wallonie

Dans un message précédent, nous vous présentions les grandes lignes du projet « Badiane ». Créé à l'initiative de l'AWIPH en collaboration avec l'ONE, il vise à soutenir les milieux d’accueil ordinaires dans l’inclusion des tout-petits ayant des besoins spécifiques.

L’accueil des jeunes enfants handicapés suscite trop souvent encore des inquiétudes et des réticences du milieu d’accueil ordinaire, qu’il soit collectif ou familial. Une surcharge de travail, la peur de mal faire, la réaction des autres enfants, de leurs parents etc. sont autant d’obstacles à l’intégration en milieu ordinaires d’enfants « non-ordinaires ».

Consciente de ces difficultés, l’AWIPH (1) a pris l’initiative en mars 2009, en collaboration avec l’ONE (2), de favoriser la création de structures soutenant ces milieux d’accueil dans leurs démarches d’intégration.

Quatre axes de travail sont définis pour assurer ce soutien :
« - Accompagner les professionnels des milieux d’accueil dans l’élaboration de projets
d’inclusion (soutien des équipes de formation).
- Sensibiliser enfants, familles et accueillants pour favoriser l'accueil dans les milieux
ordinaires.
- Outiller le personnel afin qu’il développe ses compétences face au handicap (organisation,
prestations en situation concrète de travail, coordination avec des partenaires, mise à disposition de ressources).
- Coordonner le réseau des services spécialisés dans l’accompagnement, l’accueil et le suivi des enfants présentant un handicap (locaux) et des services généralistes, à destination de tous les citoyens, en matière d’accueil de la petite enfance. »

Neuf projets ont été validés en ce sens, avec une répartition géographique selon la démographie. La plupart de ces structures sont organisées en équipes mobiles de soutien, multidisciplinaires.
Couverture du territoire wallon: nombre de cellules
Par province:
Brabant wallon:1 Hainaut:3 Liège:1 Namur :1 Luxembourg :2
Intervention sur toute la Wallonie:
Une équipe, spécialisée dans les troubles du spectre autistique.

Il est à espérer que la mise en œuvre de ces équipes de soutien lèvent les derniers obstacles à l’intégration des jeunes enfants handicapés et leur apporte, comme à tous les enfants, la prise en charge de leurs besoins spécifiques dans un cadre socialisant et structurant, nécessaire leur épanouissement.

Auteur : Virginie Labis , de Handikids
(Droits d’auteur : Utilisation libre du contenu avec mention obligatoire de l’adresse de ce blog pour source.)


Ressources:
- Awiph
- Projet Badiane:
F.U.N.D.P. - Dépt.Psychologie
Rue de Bruxelles, 61
5000 - Namur
tél : 081/ 72 .44 43 - 081 / 72.44.54
mail: badiane@fundp.ac.be


Pour tout complément d’information, contactez le numéro vert 0800/160 61.