29 août 2010

Enseignement spécialisé et enseignement intégré: décrypter pour mieux choisir

Introduction
La rentrée approche, et pour certaines familles ce sera une année pas comme les autres, car un des enfants quittera l’enseignement classique dit ordinaire pour un enseignement individualisé dit spécialisé.

La peur de l’inconnu reste un élément dissuasif pour certains parents, qui peinent à imaginer leur enfant « déclassé » ou mis à l’index, et le vivent comme une dévalorisation du potentiel de l’enfant. De même pour l’enfant, un changement d’orientation peut engendrer inquiétude et opposition a priori, car le différenciant de ses camarades ou l’excluant de son groupe habituel.

Lorsque les difficultés de l’enfant à suivre un cursus ordinaire sont telles qu’il devient nécessaire de lui apporter un apprentissage spécifique, il est indispensable que les parents en comprennent les modalités et adhèrent au plan individuel d’apprentissage (PIA) de leur enfant.

Cet article a pour ambition de décrypter ces modalités pour toutes les familles, afin de permettre aux familles des enfants concernés de mieux participer à l’individualisation de l’enseignement de leur enfant, mais aussi aux autres familles de comprendre cette orientation et, le cas échéant, de mieux accepter l’intégration, dans la classe de leur enfant, d’enfant(s) suivant un parcours d’apprentissage spécialisé.

Nous n’allons détailler ni le processus d’orientation, ni les spécificités des différentes formes d’enseignement, car c’est une tâche complexe, dévolue aux professionnels de l’enseignement, en particulier ceux des centres PMS et PMS spécialisés. Ces professionnels sont à votre écoute tout au long de l’année pour vous assister et vous guider dans le choix du parcours de votre enfant.

A - Définition
L’enseignement spécialisé, tel que décrit par la Communauté française de Belgique, a pour objectif de « répondre aux besoins éducatifs spécifiques de certains élèves présentant des difficultés telles qu’elles freinent de manière importante leur épanouissement et leur progression dans l'enseignement ordinaire. »
« Il est organisé en fonction de la nature et de l'importance des besoins et des possibilités de l'élève. Il vise, pour tous, l’épanouissement personnel et l'intégration sociale ainsi que, à l’âge adulte, l'insertion sociale et/ou professionnelle. »

Selon la déficience de l’enfant, huit types d’enseignement spécialisé sont envisageables :
- Type 1 : pour les enfants ayant une légère déficience intellectuelle (ou retard mental )
- Type 2 : si la déficience intellectuelle est moyenne ou sévère
- Type 3 : si la déficience concerne la psychologie, le comportement ou la personnalité de l’enfant
- Type 4 : quand la déficience touche le physique (corps) de l’enfant, de façon permanente
- Type 5 : quand l’enfant est temporairement malade ou convalescent et hospitalisé
- Type 6 : pour les enfants déficients visuels ( ne voient pas assez bien)
- Type 7 : pour les enfants déficients auditifs (n’entendent pas assez bien)
- Type 8 : pour les enfants qui « ont des difficultés graves et importantes dans le développement du langage ou de la parole et/ou dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou du calcul. »

Pour tous ces enfants, un PIA est rédigé et servira de programme d’enseignement pour l’enfant.

Le PIA peut s’effectuer dans une école d’enseignement spécialisé ou dans une école ordinaire, auquel cas on parlera d’enseignement intégré. Le PIA est adapté dans le temps selon l’évolution de l’enfant.

B- L’enseignement individualisé en école spécialisée
L’enfant entre dans une classe spécialisée, dont les effectifs sont limités et où il pourra progresser à son rythme, avec un soutien personnalisé, multidisciplinaire et massif pour l’aider à acquérir le maximum des compétences tout en tenant compte de sa déficience.

Certains enfants suivront ainsi un enseignement qui les fera accéder soit à leur maximum d’autonomie et de socialisation, soit à un travail en milieu adapté, ou bien à un travail en milieu classique après une qualification professionnelle ou des études supérieures.

En résumé, quelques avantages de cette filière sont donc :
- le respect du rythme de l’enfant (qui pourra rester deux ans de plus en maternelle ou en primaire pour réaliser son PIA, ou être maintenu en secondaire au delà de ses 21 ans pour achever sa formation)
- l’importance des moyens d’accompagnement
- l’association de l’enfant et de ses parents à la réalisation du PIA
- Une amélioration de l’épanouissement de l’enfant, qui constate des progrès dans ses apprentissages et subit éventuellement moins de critiques de ses camarades
- la possibilité, pour des motifs non pédagogiques,( par exemple quand la famille n’a pas trouvé de centre d’accueil), de maintenir la scolarisation de l’enfant au delà de ses 21 ans.

Et quelques inconvénients significatifs à relever :
- L’enfant est exclu du groupe social « normal » de sa tranche d’âge, ce qui peut freiner ses facultés de socialisation hors du contexte scolaire.
- Son école spécialisée n’est généralement pas l’école la plus proche du domicile familial, ce qui ne favorise pas les relations avec les enfants du voisinage, et le maintient assez isolé du contact social pendant les périodes de congés scolaires.
- L’étiquette « handicap » de l’enseignement spécialisé véhicule encore malheureusement un a priori négatif dans la société, avec parfois une sorte de stigmatisation de l’enfant et de sa famille, peu propice à une vie sociale ordinaire.

C- L’enseignement en intégration dans une école ordinaire
Lorsque la déficience le permet, et ce quel que soit le type d’enseignement spécialisé dont il dépend, l’enfant peut suivre son PIA dans une école ordinaire tout en bénéficiant de l’important soutien des enseignants spécialisés.

Cet enseignement en intégration se décline en quatre types :

1- L’enfant est intégré pendant toute l’année scolaire :
1.a Il y suit tous les cours, assisté d’un enseignant spécialisé : c’est l’intégration permanente totale
1.b Il n'y suit qu’une partie des cours, avec ou sans accompagnement spécialisé : c’est l’intégration permanente partielle

2- L’enfant est intégré durant une partie de l’année scolaire
2.a : Il y suit tous les cours durant cette période, avec ou sans accompagnement: c’est l’intégration temporaire totale
2.b Il n'y suit qu’une partie des cours durant cette période, avec ou sans accompagnement : c’est l’intégration temporaire partielle.

Quelques avantages de l’intégration scolaire :
- La socialisation de l’enfant dans un groupe ordinaire, reflet de la société dans laquelle il est appelé à évoluer. Il se constitue un réseau social
- Permettre à l’enfant d’acquérir un savoir scolaire identique à celui de ses pairs, le valoriser.
- Permettre à l’enfant de mieux construire son identité sociale, car il se confronte à « la norme » de sa tranche d’âge
- L’enfant peut avoir plus de temps libre, car le temps de transport scolaire est limité.
- Pour les camarades et leurs parents, la possibilité de développer leurs capacités de tolérance, d’empathie et de civisme, contribuant à modifier positivement les représentations sociales du handicap.

Quelques inconvénients de cette intégration :
Ils découlent généralement de la non-congruence des attentes de l’enfant intégré et de sa famille avec la réalité scolaire, dans ses exigences et dans ses interactions.

- Le nouveau camarade différent peut être insuffisamment accepté pour un épanouissement optimal en milieu ordinaire.
- Faire co-exister un esprit de prise en charge (collective) d’une communauté d’enfants avec une attention particulière pour un des membres peut être mal vécu par l’enseignant et/ou par les camarades.
- Le rythme de travail et son ampleur peuvent, malgré l’accompagnement individuel, déborder les capacités de l’enfant et le mettre en situation d’échec. Il peut alors se retrouver doublement « stigmatisé » par ses camarades.


Conclusion
L’école est le principal espace de socialisation de l’enfant, que ce dernier soit ou non confronté à un handicap.
L’acquisition de compétences, la construction d’une identité, personnelle ou sociale, sont des outils que chaque enfant doit posséder pour trouver sa place dans la société. L’école est, avec la famille, la première pourvoyeuse de ses outils. Il est donc essentiel que l’enfant tire tout le bénéfice possible de cette institution.
Lorsque l’enfant souffre d’une déficience qui le handicape dans son apprentissage, l’enseignement spécialisé et l’enseignement en intégration doivent l’aider à surmonter ce handicap et lui permettre la pleine expression de ses capacités.

L’enseignement en école spécialisée, parce que complètement individualisé, est le plus respectueux du rythme de l’enfant. Il a pour revers non négligeable le déficit de socialisation en milieu « réel », ce qui peut freiner l’intégration sociale ultérieure de ses élèves.

L’enseignement en intégration, parce qu’il ouvre sur le « réel social », doit être privilégié. L’intégration n’est pas possible pour tous, et doit faire l’objet d’un dialogue sans tabou entre enseignants, parents et enfants, afin que cette « ouverture » ne devienne pas, au lieu d’une intégration, une « inclusion », qui fasse de l’enfant un « corps étranger » au sein de la communauté scolaire, avec à la clé une « exclusion de l’intérieur », délétère pour l’enfant et pour sa famille.

Virginie  Labis

(Reproduction partielle ou totale libre sous réserve de mentionner la source Handikids et l'auteur)

Ressources :
- Enseignement spécialisé et sa guidance en CF, Guide à l’intention des parents : Ministère de la Communauté française, Conseil Supérieur de la Guidance PMS, février 2008.
- Laboratoire Méditerranéen de sociologie, « Etude sur la socialisation des enfants handicapés intégrés en école ordinaire », Establet Roger et Zaffran Joël, France, 1997.

3 commentaires:

  1. Merci pour toutes ces informations. Cela peut aider les parents à s'y retrouver.

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  2. Bon début mais vocabulaire un peu trop professionnel.
    Vais faire passer cet article

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  3. Pour les enfants dys, le type 8 s'arrête au CEB. or c'est en secondaire que les problèmes commencent : peu ou pas de contacts avec l'équipe éducative (3 réunions par an), pas d'outils compensatoires tels les logiciels de lecture (les écoles sont "contre" l'ordinateur en classe...) ça se corse dans le degré supérieur, d'une part parce que TOUT passe par l'écrit + les profs pensent qu'il est nécessaire d'apprendre aux enfants à prendre note (pour l'unif, plus tard...) donc, pas de manuels scolaires. La seule compensation du handicap = nous, les parents. C'est la débrouille pour trouver des notes, c'est l'école après l'école, chaque jour, il faut tout expliquer à nouveau, au risque de baser tout l'apprentissage sur des lectures trop approximatives en classe. Cerise sur le gâteau : le parent, dans le secondaire supérieur, "n'est pas autorisé à s'occuper de pédagogie". Il est pourtant le seul lien entre le handicap de l'enfant et l'école, où les professeurs déclarent ne pas avoir été formés aux troubles d'apprentissage. Aussi les examens se font sans compensations, ni tiers temps supplémentaire, ni usage de la calculette -pourtant c'est pas si cher et si difficile à faire-. Rien à faire, le Conseil de recours estime normal de faire redoubler un jeune qui est noté 50/90 dans une branche et 8/20 à l'examen. On a beau expliquer, montrer qu'il n'a pas eu suffisamment de temps, le redoublement est la réponse pédagogique adéquate "l'échec s'est aggravé lors des examens, l'élève montre qu'il est débordé lorsque la matière est plus vaste". Incroyable, mais vrai.
    En math l'enfant n'a pas le temps, fait des fautes de calcul, de recopiage, il est noté 0 alors que la réponse est juste, mais "la marche à suivre manque de précision"..."or, j'estime que la précision du langage mathématique est primordiale" A l'oral, il note 0/40 l'élève dyslexique, à qui il ne pose aucune question, il se contente de le regarder se noyer dans une démonstration mathématique : le gamin dyslexique a dessiné la représentation de géométrie dans l'espace "en miroir", il se perd dans sa démonstration, ses données ne sont pas justes. Explication de l'échec 0/40 : "manque absolu de travail" Le prof est actuellement conseiller pédagogique, deux inspectrices ont conclu qu'il est un prof exigent, que son cours est d'un haut niveau, et qu'il s'est toujours bien conduit avec l'élève. c'est lui qui va expliquer l'inclusion aux jeunes profs? ça m'étonnerait, il préfère inviter toute la classe des élèves qu'il visite dans le cadre de sa mission de conseiller pédagogique à "son "cours de remédiation qu'il donne en plus de ses journées.
    L'enseignement c'est aussi une affaire de gens. On leur CONFIE nos enfants.

    Ajoutons enfin les difficultés pour avoir une copie d'examen... Pourtant ils disent tous que l'erreur est formative...

    http://ladyslexique.skyrock.com/

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